C’est quoi l’anxiété de séparation chez le chien ?

11 févr.

“Anxiété de séparation” est un terme largement utilisé pour décrire les difficultés qu’un chien peut rencontrer lorsqu’il est laissé seul. Pourtant, ce terme est souvent un fourre-tout qui regroupe différentes problématiques aux causes et aux solutions variées. En réalité, il n’existe pas de définition unique et précise de l’anxiété de séparation même dans la littérature scientifique. Il est donc essentiel de mieux comprendre ce que ce terme englobe afin d’adopter les bonnes stratégies pour aider son chien.

L’origine du terme “anxiété de séparation”

L’étiquette "anxiété de séparation" est directement empruntée à la psychologie humaine, où elle désigne une période normale du développement de l’enfant lorsqu’il commence à se séparer de ses figures d’attachement. Lorsque cette anxiété est persistante et trop intense, elle devient pathologique et on parle alors de “trouble de l’anxiété de séparation”.

Chez le chien, on entend rarement parlé de trouble de l’anxiété de séparation. Sans y acoler la notion de trouble, on utilise donc l’étiquette qui traduit une période normale chez l’enfant, pour parler d’un comportement problématique chez le chien. Vous comprenez déjà la confusion ?

Un terme imprécis pour des réalités différentes

Quand on parle d’anxiété de séparation chez le chien, on peut en réalité désigner plusieurs types de troubles qui ne se manifestent pas toujours de la même façon :

Une problématique dans la relation d’attachement avec l’humain.e de référence : C’est le cas des chiens qui ont du mal à être séparés d’un humain en particulier et montrent une détresse intense dès qu’il s’éloigne. On a beaucoup employé le terme d’hyperattachement, qui est lui absolument étranger de la psychologie humaine où les troubles de l’attachement sont plutôt qualifiés d’insécures. Selon la littérature, les termes employés sont différents ; on parle entre autres d’attachement anxieux (ou préocuppé/ambivalent), évitant (ou détaché/distant) et désorganisé (ou ambivalent-désorganisé/confus/craintif). Autrement dit, il n’y a pas “trop” d’attachement mais un attachement à la figure de référence qui n’est pas sécure pour le chien, qui résulte en une détresse à la séparation.
La difficulté à gérer l’isolement : Certains chiens ne supportent pas d’être laissés seuls, même si la séparation ne concerne pas une personne spécifique. Ils pourront alors supporter d’être gardés par d’autres humain.es. On appelle souvent cette catégorie la détresse d’isolement, et elle peut résulter de peur et d’anxiété comme de frustration, souvent un mélange de tout.
La peur de manquer un évènement, ou FOMO (Fear Of Missing Out) : Cette catégorie de chien semble raisonner en imaginant que quand on sort du logement il se passe toujours des choses incroyables, et se frustre de ne pas pouvoir accompagner son humain.e. On voit aussi ce genre de réaction dans les foyers multi-chiens, où un des chiens ne supporte pas que l’autre sorte sans lui.
Un problème de stimulation : Beaucoup de gardien.nes pensent que leur chien vit un trouble sérieux de la séparation alors que ses comportements peuvent être attribués à de l’ennui ou au contrraire une sur-stimulation du chien. Les symptomes principaux vont être des destructions et des vocalisations.
Un réaction aux stimulis extérieur : Surtout marquée par des vocalises, cette catégorie de chien va principalement réagir aux bruits extérieurs (bruits dans la rue, dans l’immeuble…). Ces chiens peuvent être dans un état d’hypervigilance constant, se metant aux aguets du moindre bruit pour être prêt à réagir. On peut l’observer chez des races sélectionnées pour la garde, mais aussi chez tout chien anxieux et/ou sensible aux bruits.
Un défaut d’apprentissage ou un apprentissage en cours : Que ce soit pour des chiots ou des chiens adultes, savoir rester seul à la maison est un apprentissage comme un autre et ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Le chiot qui arrive d’un élevage où il vivait avec sa portée peut être perdu quand il est laissé seul pendant vos premières journées de travail. Un chien adulte qui urine pendant vos absences peut avoir mal appris la propreté.

Chaque cas peut présenter des symptômes similaires (destruction, vocalises, malpropreté…), mais les causes sous-jacentes et donc les approches pour y remédier diffèrent.

Une prise en charge adaptée à chaque situation

Puisque le terme “anxiété de séparation” recouvre plusieurs réalités, vous l’aurez compris, il n’existe pas une solution unique applicable à tous les chiens. Une professionnelle formée en anxiété de séparation saura détecter les émotions et causes sous-jacentes pour vous accompagner sur toutes ces problématiques différentes.

Proposer à un chien qui s’ennuie plus de dépenses, ainsi que des mastications ou autre jouets alimentaires pendant les absences pourra grandement atténuer les destructions. En revanche ces activités ne vont pas distraire le chien qui subit une forte anxiété du fait de la séparation avec sa figure d’attachement, son humain.e.

Les méthodes de désensibilisation systématique qui peuvent être utiles à certaines situations ne le seront pas pour toutes, et risqueraient de vous faire passer des longs mois de travail sans raison.

C’est pourquoi il est essentiel d’identifier la cause réelle du problème avant de mettre en place une stratégie. En suivi avec Canibloom, le bilan comportemental initial va nous aider à identifier la nature du problème que rencontre votre chien. Les échanges successifs nous permettront de tester les premières pistes de travail. Si la désensibilisation systématique est nécessaire, le forfait intensif n’interviendra qu’après ce travail de clarification.

Conclusion

Parler d’anxiété de séparation chez le chien sans distinction peut mener à des erreurs dans la prise en charge. Tous les chiens qui montrent certaines réactions “inapropriées” en l’absence de leurs humain.es ne souffrent pas du même trouble, ni pour les mêmes raisons. Comprendre ces nuances permet d’adopter une approche plus ciblée et efficace, afin d’aider son chien à vivre sereinement les moments de solitude.